FRANCE

L’énergie solaire, accélérateur de la transition énergétique

Le mois dernier s’est tenue la conférence Solarplaza Summit Agri-PV à Paris. Agriculteurs, développeurs solaires, cabinets de conseils, banques, pouvoirs publics : ils étaient tous réunis pour débattre de l’accélération de l’agrivoltaïsme – thème de la conférence – en particulier des modèles d’affaires, des technologies, du déploiement des projets et des perspectives futures liées à la monétisation des nombreux avantages que procure l’agrivoltaïsme. Retour sur les bénéfices de l’énergie solaire avec Émilien Simonot, responsable Agrivoltaïsme EMEA au sein de Lightsource bp.

En quoi l’énergie solaire est-elle un accélérateur de la transition énergétique ?

Émilien Simonot : Du point de vue de la ressource, l’énergie solaire présente des atouts non négligeables. Elle est abondante, inépuisable et décarbonée. De plus, sur le plan économique, elle est aujourd’hui compétitive, au même titre que l’éolien, par rapport aux énergies fossiles, même en l’absence de soutien financier.
Là où le photovoltaïque se distingue toutefois des autres énergies renouvelables, c’est par sa modularité. Les panneaux solaires sont des structures assez basiques que l’on peut facilement répliquer et multiplier. Peu importe que la ferme solaire soit dimensionnée pour 10, 100, 1000 panneaux photovoltaïques : ils restent techniquement simples à installer. Cette facilité d’installation sur tout type de support – sol, toitures, infrastructures -, couplée à des risques techniques très faibles, rend les projets solaires très attractifs financièrement. C’est d’ailleurs ce qui explique le fabuleux essor du photovoltaïque ces dernières années.
Pour passer à l’échelle supérieure, le principal défi se pose aujourd’hui en termes d’intégration : plus d’énergie dans le réseau, qui n’est aujourd’hui pas dimensionné pour une injection d’électricité dans de telles proportions, acceptabilité sociale des projets solaires et adéquation avec les plans d’urbanisme et les pratiques agricoles.

L’agrivoltaïsme, justement, ne risque-t-il pas de créer de la pression sur le foncier agricole ?

E. S. : Le principe de l’agrivoltaïsme, c’est d’installer des panneaux solaires soit en surélévation soit intercalés entre cultures ou cheptels. C’est donc une double utilisation d’un même terrain, avec zéro déprise agricole. Selon les estimations actuelles, les installations agrivoltaïques n’occuperont que 0,2 % à 0,3 % de la surface agricole utile à l’horizon 2050. C’est donc très peu en comparaison aux autres pressions, bien plus fortes, qui pèsent sur le foncier agricole, comme l’urbanisation, le développement des infrastructures ou encore la construction de bâti pour le secteur tertiaire. L’agrivoltaïsme est donc une parfaite illustration d’un développement intégré de l’énergie solaire.
De plus, le consensus scientifique sur les bénéfices de l’agrivoltaïsme est indiscutable. De plus en plus d’études renseignent sur les nombreux services que l’agrivoltaïsme rend aux agriculteurs et aux éleveurs. Je pense notamment aux bénéfices agronomiques, avec l’amélioration des rendements et l’adaptation au changement climatique, aux bénéfices économiques avec la pérennisation des exploitations agricoles, et aux bénéfices environnementaux avec une transition vers des agricultures plus respectueuses des sols et de la biodiversité.
Enfin, c’est un secteur qui se professionnalise avec de plus en plus d’outils innovants. Par exemple, chez Lightsource bp, nous travaillons dans le cadre du développement de nos projets avec des partenaires qui réalisent des simulations des systèmes agrivoltaïques à court et long terme dans un contexte de changement climatique. À partir de données connues, ces simulations permettent ainsi d’évaluer la production agricole en condition agrivoltaïque et concevoir au mieux nos centrales pour répondre aux enjeux aux horizons 2030 et 2050.

Quels leviers pour faire de la France une championne de l’agrivoltaïsme ?

E. S. : De facto, la France est déjà une championne de l’agrivoltaïsme grâce à sa recherche active sur le sujet avec des équipes internationalement reconnues. Nous sommes également très avancés sur le plan réglementaire, notamment grâce aux appels d’offres innovants de la Commission de régulation de l’énergie qui a permis la naissance des premiers projets agrivoltaïques, mais aussi la loi APER qui contribue à clarifier le cadre réglementaire de notre industrie.
Toutefois, pour tenir l’objectif gouvernemental d’une capacité installée de 100 GW à l’horizon 2050, nous devons continuer de faire évoluer la réglementation, et la cohérence de son application pour un agrivoltaïsme responsable et durable. Car l’installation de panneaux solaires en toiture ou sur des parkings ne suffira pas à atteindre ces objectifs.
Notre rôle d’industriel et donc d’accélérer le développement des projets et le partage des connaissances sur l’agrivoltaïsme pour garantir son acceptation par les agriculteurs et les riverains des installations.

 

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